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La Presse Touristique

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25 septembre 2024

Catherine Verdon - lapressetouristique@medialo.ca

Tourisme déconnecté : moins d’écrans, plus de vie!

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©Julian Hochgesang - Unsplash

Réduire le temps passé devant notre écran : télévision, tablette et téléphone intelligent… objectif réaliste ou idéal inatteignable? On voit de plus en plus, en milieu de travail, différentes mesures être installées pour permettre cette forme de mieux-être aux employés. Les parents sont concernés par l’hyperconnectivité des enfants, mais qu’en est-il pour soi-même? Ma citation favorite est d’Anne Lamott : « Almost everything will work again if you unplug it for a few minutes, including you. » Traduction libre : tout fonctionne mieux quand on le débranche quelques minutes, incluant soi.  

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Laurie Michel, de Vivala.

Passer moins de temps devant un écran est probablement un objectif quotidien qui peut (ou devrait?) se transformer en un choix de vie. Pour ce faire, certains endroits liés au tourisme utilisent même des termes comme digital detox ou soulcation dans leur marketing. D’autres n’offrent tout simplement pas de réseau, facilitant le réflexe de laisser son téléphone loin de soi.  

Sensibilisation envers l’hyperconnectivité 

C’est plutôt particulier de parler au téléphone à une spécialiste de ce sujet au lieu d’un bon vieux face à face, mais géographie oblige, c’est ainsi que se passe mon entretien avec Laurie Michel de Vivala, nom devenu une référence sur le sujet aussi passionnant que complexe qu’est la déconnexion numérique.   

C’est sa propre nomophobie (dépendance au téléphone portable et peur excessive à l'idée d'en être séparé ou de ne pouvoir s'en servir), dont elle a souffert il y a quelques années, qui est à l’origine de la suite, un moment de vie où elle s’est presque rendue au burnout devant cette surutilisation des technologies, alors qu’elle n’avait plus aucune limite envers son téléphone, devenu maître de ses heures et priorités. S’en suit une rupture avec son bien-être, explique-t-elle, qui fut son éveil quant à la place que prenait et devrait prendre la technologie dans sa et nos vies. Son histoire ressemble à celle de bien d’autres en 2024, et c’est peut-être même la vôtre, en totalité ou en partie. Son quotidien est de faire comprendre ce qu’est l’hyperconnectivité et d’accompagner les individus et organisations à mettre en place de bonnes pratiques. 

Est-ce que se questionner sur nos habitudes d’écrans est un début de réponse en soi? Laurie pense que se poser la question signifie peut-être que le téléphone prend trop de place, en effet. « C’est complexe comme question, parce qu’on a aussi l’enjeu des gens qui en ont besoin pour leur travail. Puis, il y a des habitudes individuelles, mais aussi un contexte sociétal. On ne peut pas sortir complètement de la technologie, sinon on sort un peu de notre monde moderne. Il y a ce côté « obligatoire » pour certaines choses, un angle qui ne doit être oublié. »  

Puis, il y a l’omniprésence des réseaux sociaux. Notre vie sur ceux-ci, celle des autres qui garnit notre quotidien en ligne. On veut d’un côté vivre des retraites et fréquenter des lieux qui interdisent nos téléphones, mais aussi montrer qu’on y était. On constate l’abondance de photos en ligne pour montrer qu’on relaxe, on documente le quotidien, par réflexe ou consciemment, même quand on veut décrocher ou qu’on essaie de le faire. C’est d’ailleurs un constat similaire, lié à un sentiment de culpabilité à l’idée de relaxer, vécu par une amie, qui a fait naître le récent Label Vivala® destiné au tourisme. De nombreux établissements veulent promouvoir une forme de digital detox, mais rencontrent une difficulté à le faire appliquer entre leurs murs ou à leurs clients qui sont sensés venir chercher cette déconnexion.  

L’enjeu de l’addiction 

Une majorité de gens vit une espèce d’illusion quant à sa capacité à se déconnecter. « On a souvent une perception faussée de nos gestes autour des écrans, souligne Laurie Michel. Faire un travail d’observation est donc nécessaire devant l’omniprésence de la technologie. On doit souvent installer des solutions personnalisées pour trouver la formule qui va convenir. » 

Maintenant, comment faire passer l’idée de la déconnexion pour quelques heures, à nos amis, collègues, famille, si on souhaite tendre davantage vers ce type d’habitude? Laurie propose de le présenter comme un défi au lieu de l’imposer comme une obligation. « Êtes-vous capable de passer une heure sans… », qui viendra avec la satisfaction d’avoir réussi. « Sinon, les gens auront un éveil, ne pensant pas qu’ils y étaient autant accrochés. On le fait par étapes, c’est la clé. »   

Bien que cette forme de dépendance ne soit pas nommée comme tel par l’Organisation mondiale de la Santé, force est de reconnaître que ce système de dépendance est programmé en nous, variant en fonction de notre utilisation. Les notifications sont le premier stratagème des applications mobiles, créant une sensation d’alerte agissant comme un système de récompense, apportant de la dopamine au cerveau, ce pourquoi nous sommes tous dressés face à cette alerte sonore. « On veut savoir immédiatement, puisque notre cerveau a associé les notifications du téléphone à une récompense immédiate », conclut Mme Michel. 

 

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©Sophie Dion

Abitibi-Témiscamingue 

L’harmonie au cœur de la forêt 

La coureuse des bois, c’est Stéphanie Rouillard, qui explique avoir créé sa vie dans la forêt, le lieu de plus grande harmonie qu’elle connaisse. « J’ai longtemps rêvé de changer le monde, de le rendre meilleur ! J’ai enfin réussi, en commençant par créer le mien », dit-elle. Elle reçoit donc les gens « chez elle », avec l’objectif principal d’offrir à ceux qui s’y déposent la relaxation et une immersion complète en forêt. Que ce soit pour une retraite de ressourcement entre femmes, en solo et bientôt en famille, le but est le même : nous faire décrocher. La prescription bien-être commence dès l’arrivée, alors que la première chose qu’elle demande aux participant est de fermer leur téléphone, demandant même à le voir.  

À l’argument des photos qui revient souvent, elle rappelle qu’ils arrivent pour une connexion avec la nature et que les appareils affectent la connexion des participants, mais aussi la sienne avec la forêt. Après ses explications, les gens comprennent mieux l’objectif qu’ils sont venus chercher. Et son constat du après est concluant : le stress initial et la petite anxiété de devoir fermer le téléphone s’évanouit au fil de la journée. Les gens réalisent le bien-être que cela procure, n’y pensent plus et constatent qu’ils abusent souvent de la techno dans leur vie. Ce contact humain sans dérangement donne envie d’être reproduit; la peur du manque se transforme en envie. Durant le séjour, on bénéficie des bienfaits de l’esker d’eau pure du glacier combinés au sauna, séance incroyablement favorable au corps et à l’esprit. « La connexion ici est excellente, mais elle n’est pas wifi. Le réseau est entre vos mains, c’est à vous de créer la connexion. »  

 

Entre Lemoine et l'Arbre 

Accessible sur les 4 saisons, Entre Lemoine et l'Arbre est un complexe d’hébergement éco-touristique offrant à ses invités le plaisir de s’évader au cœur de la forêt boréale avec vue sur le magnifique lac Lemoine. Le strois superbes cabanes sont sans wifi ni télévision, mais on peut avoir accès à notre réseau cellulaire avec nos données personnelles en cas de besoin.  

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©Domaine Floravie

Bas-Saint-Laurent/Gaspésie 

À Percé, la Bulle Chrysalide a le wifi seulement au pavillon d'accueil et ne se rend pas jusqu'en forêt. « On offre une expérience unique d'immersion en nature », me dit-on.  

 

Auberge - Pourvoirie de la Rivière Matapédia est nichée à flanc de montagne avec une vue imprenable sur la rivière dans le petit village historique de Routhierville. Sans réseau, se connecter demande un effort de plus et rend l’endroit plus propice à pratiquer une déconnexion… partielle ou totale!  

 

Au Domaine Floravie à Rimouski, parmi leur offre d’hébergement, on peut choisir un des chalets, qui n’offrent pas de wifi (Internet haute vitesse disponible à l'accueil), pour un séjour ressourçant près du parc national du Bic.  

 

Le parc côtier Kiskotuk, qui est aussi le Camping des passereaux à Cacouna, propose différents sites d’hébergement dans des paysages enchanteurs! Ce camping rustique offre des sites aménagés sans eau, ni électricité, tous isolés les uns des autres, dont certains se trouvent directement à flanc de montagne, et six chalets rustiques. Et l’équipe nous a confirmé que le réseau cellulaire « rentre moyen », exactement ce qu’on souhaite pour nous accompagner dans notre débranchement! 

 

Fleur au vent offre des retraites de yoga et herboristerie en Gaspésie. Sa localisation permet d’offrir un lieu de déconnexion numérique puisqu’il n’y a pas de réseau cellulaire accessible sur le site. Les activités et événements à la yourte et aux jardins sont axées sur la présence à soi et au milieu environnant, et en même temps de décrocher de tout contact numérique. 

 

Bien que l’accès Internet sans fil soit disponible dans le bâtiment principal du Gîte du Mont-Albert, au pavillon Le Caribou et dans les chalets autour du Gîte, il n’y a pas de couverture de réseau cellulaire dans tout le secteur du parc national de la Gaspésie. 

 

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©Have familial

Lanaudière 

L'Abbaye Val Notre-Dame à St-Jean-de-Matha accueille dans le silence de son hôtellerie monastique toute personne désireuse de faire un temps d’arrêt ou en quête de ressourcement spirituel. Les lieux sont propices à la réflexion, la méditation et la déconnexion, dans un cadre champêtre.  

 

Tel un havre de paix, le Havre Familial à Sainte-Béatrix est un lieu de prédilection pour le repos du corps et de l’esprit, ainsi que pour la pratique d’activités de spiritualité et de ressourcement constitué de 750 acres de forêt et de nature. Une ou deux fois par année, ils proposent des fins de semaine thématiques à saveur spirituelle et de bien-être pour nous permettre une pause de ce monde effréné et des moments d’intériorité. 

 

Aux Chalet du Jolimont, on peut choisir un des chalets sans électricité, faisant en sorte que les gens ferment leur téléphone, nous dit-on. Situés dans la montagne, il faut s’y rendre en marchant par les sentiers.  

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Laurentides 

Le Couvent Val-Morin est un lieu d’hébergement et espace de ressourcement en pleine nature qui cultive les valeurs de tranquillité et d’intériorité, entre autres. Il accueille différentes retraites de mieux-être tout au long de l’année. « Nous croyons que notre chemin, lorsque nous nous sentons perdus, nous le retrouvons dans le calme, dans la nature, et au contact de gens bienveillants » est une phrase qui m’a particulièrement plu sur leur site Internet.  

 

Les itinéraires inspirés du Chemin de Compostelle connaissent une hausse d’intérêt, représentant l’occasion de se connecter à soi-même, aux autres et à la nature, parfois dans un silence et souvent dans la solitude. Dans les Basses-Laurentides, la Marche d’Alphonse, un circuit qui se décline sur trois jours de randonnée et offert jusqu’à l’automne, permet ce type d’expérience, passant entre autres sur des chemins où la connexion internet est peu optimale.  

 

 

Un véritable sevrage numérique 

Dans les Laurentides, le Parc Cavaland, qui donne une 2e chance aux animaux, souhaite refaire briller l’étoile de chacun avec Animal Star Thérapie, un programme d’équi-coaching né de la pandémie. Cette retraite de quelques jours sous le signe du débranchement comprend l’hypnose par le cheval, des périodes à marcher avec eux en forêt, un moment sous une bulle thermo-régulée.  

Samuelle Ducrocp Ph. D. explique que étant donné leur localisation en montagne, ils ne sont pas très bien câblés, une sorte d’handicap devenu une force puisque cela permet de complètement décrocher en ces lieux. Parmi les étapes indispensables qui font partie de ce sevrage numérique, il y a la base, soit devoir mette un mot sur ce mal-être et cette dépendance, « parce que le déni rend la suite difficile », dit Samuelle. Puis, arriver à en parler et mettre en place des remplacements de routine, vivre une cassure ou un détachement dans un environnement différent qu’on ne peut pas comparer avec ce qu’on connaît. Cela nous place dans un mode d’apprentissage, faisant appel à des mécanismes et zones cérébrales autres, pour réapprendre à fonctionner, en quelque sorte, puisque l’écran provoque une forme d’hypnose, explique Samuelle. Elle souligne l’importance de chercher à réguler plutôt que couper complètement, ce qui permet de faire la part entre l’utilitaire et le mode hypnotique où on avale du contenu sans même en avoir conscience. « Fermer le téléphone pour rouvrir les yeux sur notre environnement immédiat. » C’est ça, Cavaland. 

Ils offrent pour l’instant de l’intervention à la demande avec différentes institutions. Une section thérapeutique pour tous sera ajoutée sur le site prochainement, pour la détox numérique et Animal Star Thérapie, ce qui permettra de rejoindre de petits groupes.  

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©Base de plein air Air-Eau-Bois

Outaouais 

Wetreat, qui propose des séjours uniques en nature combinant activités, rencontre humaine et ressourcement, offrira une retraite de yoga prochainement au Centre de vie à Ripon. Un week-end pour se déposer, bouger, relaxer et surtout pour décrocher du quotidien dans un environnement campagnard en pleine nature. Dans la liste des inclusions du séjour, on aime que vis-à-vis la case Internet wifi, ce soit écrit « non ». Le Centre de vie est un lieu de ressourcement qui privilégie la tranquillité et le repos en pleine nature dont la réputation n’est plus à faire en ce sens. À noter qu’il y a toutefois un accès au wifi si les gens le veulent. 

 

Kenauk Nature, une des plus grandes réserves naturelles en Amérique du Nord, offre des séjours en chalet privé sans connexion internet puisque les chalets sont assez éloignés dans la forêt. 

 

À la Base de plein air Air-Eau-Bois de son côté, il n'y a pas d'eau, de réseau cellulaire et d'électricité dans plusieurs types d’hébergement. 

 

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Qui est Catherine Verdon?

Catherine Verdon est une passionnée de sa région (les Basses-Laurentides), des bonnes adresses, des animaux et des rencontres humaines. Anciennement à la tête de son propre magazine mieux-être, elle poursuit maintenant sa passion pour la rédaction en collaborant avec différents médias. Fan incontestée du papier comme mode de lecture, ses passions sont nombreuses, allant du crossfit et du yoga au terroir, en passant par la broderie, la revalorisation de meubles, les antiquités et la photo culinaire. Maman d’une petite fille de six ans, tout ce qui touche la famille est également d’un grand intérêt pour elle.  

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